mardi 16 mai 2017

La Brèche FlorElla Extrait 2 - Prologue (série Jouer la Vie, Volume 1)


Droits d'auteur : © Erika Cazaux, 2013
Création couverture et illustration : Jessica Subra



 
PROLOGUE


Ella & Florent, Florent & Ella... FlorElla



Vendredi 17 août 2012, 18 h 13
France, Haute-Garonne, Toulouse

L’histoire s’apprêtait à se répéter dans la ruelle où chacun d’eux avait vécu l’instant le plus étrange et, surtout, l’un des plus délicieux de son existence. Excepté que cette fois-ci, c’était elle qui l’avait talonné.
Arrivant à sa hauteur, confuse mais par-dessus tout irritée, elle protesta laborieusement :
— Parce qu’il y a une éternité, une seule semaine nous nous sommes aim… nous nous sommes… fréquentés, nous avons pris du bon temps, tu… tu me refuses la place pour laquelle j’ai été sélectionnée ?
Empourprée de colère, elle le dévisagea. Ses joues rosirent comme jamais, et des larmes incontrôlables embuèrent ses grandes prunelles rousses alors qu’elle se sermonnait intérieurement. Ne pleure pas ! Ne pleure pas ! Non, ne pleure pas ! Je t’en supplie, pas maintenant !
Son interlocuteur se passa la main sur les cheveux tout en répondant :
— Mais non, ce… ce n’est pas… ce n’est pas ça, Ella.
Il avait fait un grand effort pour achever cette phrase bien futile. Prononcer à voix haute, ici même, ce prénom qu’il avait tant essayé d’oublier, vint raviver une blessure jamais pansée. Il l’avait à peine soufflé.
Esquivant un éclaircissement sibyllin, dans un dédain simulé, il la provoqua :
— Et puis, de quoi tu parles ? De quoi tu parles ? Ella.
Juste avant de murmurer à nouveau cette nomination si chargée affectivement, il avait baissé la tête, tentant ainsi de camoufler sa gêne. Cependant, la jeune femme n’était pas dupe : cette attitude ainsi que la pointe d’accent américain dans ses paroles témoignaient d’un certain malaise.
Cet homme, né aux États-Unis, vivait depuis trente ans en France et avait plutôt l’inflexion chantante du Sud, si ce n’est lorsqu’il était perturbé.
Elle se souvint avec nostalgie combien, autrefois, elle avait adoré entendre son prénom complété d’un surnom anglais. Sa voix suave était accordée à son physique céleste, et quand il lui susurrait « Ella Honey », elle percevait une mélodie cachée dans ces deux mots assemblés.
Le ton qu’il avait employé et son langage corporel l’encouragèrent à reprendre confiance en elle. Elle se grandit donc au maximum et riposta :
— Tu sais combien c’est important pour moi, Florent. J’ai besoin d’avancer. J’ai besoin de… J’ai besoin de me réaliser. Et puis, si ça peut te rassurer, Florent...
Avec effroi, elle prit conscience de l’amertume présente dans cette désignation qui lui brisait le cœur à chaque évocation.
Tandis que lui semblait déconcerté, elle, culpabilisait de tant de perfidie, mais réunit tout de même le courage nécessaire pour terminer son propos :
— ... je te promets que je ne savais pas que c’était toi qui animerais ce séminaire. Ce n’est même pas moi qui…
Il l’interrompit froidement pour essayer de se redonner un peu de contenance :
— Alors comme ça tu ne savais pas que c’était moi ? Depuis que j’ai écrit le premier tome de cette saga, j’ai changé de…
— Oh, arrête, Florent ! Cette vanité, cette fallacieuse condescendance ne fonctionne pas avec moi. Pas après ce que nous avons vécu.
— Et qu’avons-nous vécu, Ella, de si extraordinaire ?
Il avait presque hurlé son prénom.
Lui fait-il horreur à ce point ? s’inquiéta, en son for intérieur, celle qui avait pourtant fait de même.
Il requit des explications :
— Qu’est-ce qui, d’après toi, me ferait te refuser une place dans mes ateliers d’écriture ? Hein ? Dis-moi, Ella ! Dis-moi ! Dis-moi de quoi tu parles ! Je crois que tu te méprends ! Tu te trompes de gars, non, Ella ?! Je ne vois pas du tout à quoi tu fais référence ! Eh bien, dis-moi ! Dis-moi, Ella !
En parallèle de sa logorrhée, il avait chaque fois craché ce prénom comme si l’énoncer intelligiblement le révulsait. Il n’en était rien. Hormis qu’il évitait ces deux syllabes depuis longtemps, depuis cette heureuse et navrante révélation.
Il reprenait enfin le contrôle de lui-même et de la situation, il allait donc continuer ses paroles assassines quand, subitement, elle se tourna pour s’éloigner de lui. Elle s’élança énergiquement, elle se sentit agrippée. Il lui avait empoigné le bras.
 Instinctivement elle leva le visage vers lui, en étouffant un cri de douleur. Elle vit alors un voile de désespoir se déposer sur la colère que déversaient ses yeux si clairs.
Mais que me veut-il ? s’interrogea-t-elle, désabusée. Son regard azur est mi-implorant, mi-défiant.
Elle avait déjà été l’objet de celui-ci, ici même, quelques années plus tôt.
Quel hasard, ironisa-t-elle, et l’écho d’une citation tintinnabula dans son esprit. « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous . »
Sept ans étaient passés, or celui qu’elle avait tant aimé n’avait pas énormément changé physiquement. Seuls certains traits de son visage s’étaient creusés, le dessin d’une barbe naissante ciselait davantage son faciès. Ses cheveux en revanche étaient bien plus courts, et quelques reliques du temps s’étiraient au coin de ses yeux.
Il était vêtu d’un complet noir brillant sur une chemise ivoire, elle-même ornée d’une cravate rayée de soie brune. La veste présentait une boutonnière rappelant la texture de l’accessoire rainuré, et la pochette du côté gauche contenait un tissu blanc.
Malgré l’incommodité qu’elle soupçonnait, il n’en demeurait pas moins d’une incroyable beauté. Elle n’était pas insensible à son charme toujours aussi ravageur et ne pouvait d’ailleurs pas se détourner de cette œillade pénétrante.
Diverses émotions impossibles à dissimuler l’assaillirent, il se tendit et ses yeux le trahirent. Il semblait désemparé. Et sa posture confirmait que sa prétendue assurance était caduque, sur le point de se rompre, de voler en éclats même. En définitive, il paraissait souffrir autant qu’elle saignait intérieurement.
Aucun n’avait encore sacrifié cette lorgnade intense quand, soudain, des trémolos dans la voix ainsi qu’une expression faciale indescriptible, il introduisit son questionnement :
— Dis-moi, Ella, je ne comprends pas.
Il précisa sa pensée, chuchotant presque :
— Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi viens-tu détruire le semblant de vie que je me suis construit ?
Brusquement il s’agaça :
— Tu veux voir ma carapace s’effondrer ? Mon malheur rendrait ton mal-être plus acceptable, peut-être ? C’est ça ? C’est ça, Ella ?
Sans même lui laisser le temps de répliquer, sa voix s’adoucit pour devenir suppliante et quasi inaudible.
— Réponds-moi. S’il te plaît. Ella.
Incapable d’articuler le moindre mot, des larmes perlant entre ses longs cils noirs, elle ne cessait de le considérer droit dans les yeux. La rage et la détresse qu’elle y lisait étaient en train de céder la place à la tendresse qu’elle lui connaissait. Elle aurait voulu se jeter contre son torse naguère accueillant pour l’étreindre très fort.
Il n’avait toujours pas lâché son bras. Il n’y parvenait pas. Il savait que lorsqu’il le ferait, il la perdrait encore une fois, et il ne pouvait s’y résoudre. Il estimait qu’il avait réduit à néant ses chances d’une vie heureuse le jour où il l’avait laissée partir, et pour cause…
Malgré le désarroi qu’il décelait, se dégageait d’elle une énergie toujours aussi lumineuse, à laquelle s’ajoutait une touche de sérénité. Elle paraissait plus confiante, encore plus déterminée que jadis même. Il adorait son tempérament audacieux autant qu’elle lui plaisait physiquement. Elle ne ressemblait en rien aux mannequins en vogue, mais elle avait un regard et un sourire d’une telle authenticité qu’elle en devenait belle. Et habillée de cette robe à la jupe évasée, de couleur blanche à grosses fleurs colorées, elle était resplendissante.
Dès qu’elle avait fait irruption dans son bureau, une quinzaine de minutes plus tôt, il avait senti que son existence devait prendre le tournant radical qu’il ignorait depuis bien trop longtemps.
Et si l’Univers m’offrait une nouvelle chance ?
De son autre main, délicatement, il écarta une longue mèche bouclée châtaine afin de la caler derrière son oreille.
Ces dernières années, ils avaient tenté à maintes reprises d’oublier le souvenir marqué au fer rouge de leur complicité physique. Toutefois, leurs âmes, leurs esprits et leurs corps en portaient la trace indélébile. Et ce toucher, bien plus sensuel, leur fit l’effet d’un électrochoc.
Le Temps et l’Espace se confondirent ; Ella et Florent vécurent l’été 2005, encore. 


Droits d'auteur : © Erika Cazaux, 2013




Informations complémentaires :

Ce roman est un voyage au cœur de l'évolution personnelle d'un homme et d'une femme, dont les destins s'entrecroisent.

Il est découpé en quatre parties.
- La partie 1 stimule le cœur et la tête : Prémices 
- La partie 2 sollicite les sens : Landes enchantées
- La partie 3 transforme la pensée : Alchimie
- La partie 4 s'écrit en communauté : Union

Découvrez le résumé, le sommaire, la playlist ainsi que des extraits.

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